"Escalade inquiétante des tensions entre Ibrahim Traoré et Alassane Ouattara : Analyse de la situation actuelle"

La redaction infomondiale24
0



 Lors d'une entrevue télévisée, le chef de la transition au Burkina Faso a fortement critiqué les autorités ivoiriennes, les accusant d'hypocrisie et de soutenir les éléments déstabilisateurs de son régime. Abidjan n'a pas encore réagi publiquement à ces allégations. Malgré un espoir initial suscité par leur récente rencontre le 19 avril, où les ministres de la Défense ivoirien et burkinabè se sont rencontrés près de la frontière, les relations entre les deux pays restent tendues. Cette tension est exacerbée par une frontière mal délimitée de plus de 500 kilomètres, exposant la région au risque d'attaques jihadistes.

"Un appel à renouer avec des sentiments plus positifs."


Cependant, une semaine plus tard, le 26 avril, cet espoir d'un rapprochement des relations bilatérales a été anéanti par une interview accordée par le président de la transition burkinabè, Ibrahim Traoré, diffusée sur la RTB, la télévision nationale publique. Lorsqu'un journaliste lui demande : « Comment se porte la coopération avec les pays voisins ? », le capitaine, vêtu de son béret rouge et de son uniforme militaire, répond : « Il faut le dire, ça va plus ou moins. Avec certains pays, il n'y a pas de problèmes. Avec d'autres, il ne faut pas continuer à faire preuve d'hypocrisie, il y a des soucis ».


«Il est temps qu'ils renouent avec des relations plus cordiales. Tous les éléments déstabilisateurs du Burkina se trouvent là-bas, à découvert [...]. Il est temps de mettre fin à l'hypocrisie, de dire la vérité : il y a un problème avec les autorités de ce pays», déclare "IB".

Le contact serait même "rompu" avec Alassane Ouattara, assure le militaire, qui est arrivé au pouvoir à la suite d'un coup d'État il y a un an et demi. Concernant la rencontre entre les deux ministres - le général Kassoum Coulibaly étant son oncle et Téné Birahima Ouattara, le frère du président ivoirien -, "IB" précise qu'elle a été organisée à la demande des Ivoiriens et que désormais, "la balle est dans leur camp". Le chef d'État, le plus jeune au monde, en profite pour critiquer l'absence, selon lui, de coopération de la Côte d'Ivoire au sujet des "gens qui ont commencé à partir là-bas, ceux qu'on recherche".

"Incident sans précédent"

Interrogé sur l'arrestation d'un militaire de première classe burkinabè et d'un Volontaire pour la défense de la patrie (VDP, supplétif civil de l'armée) le 27 mars alors qu'ils se trouvaient en territoire ivoirien, à quelques kilomètres de la frontière, pour se ravitailler en cigarettes, Ibrahim Traoré estime qu'il s'agit d'un événement "mineur" comparé à la "guerre" menée par son pays contre le terrorisme. "Nous sommes en guerre, c'est mineur", répète-t-il. Cette arrestation avait pourtant provoqué un incident inédit entre les deux pays. Des dizaines de militaires burkinabè avaient fait irruption sur les lieux de l'interpellation pour se livrer à ce qu'une source sécuritaire ivoirienne avait alors qualifié de "rodéo en ville", poussant les Ivoiriens à faire décoller un hélicoptère Mi-24 pour survoler la zone. Le chef d'état-major des armées ivoiriennes, le général Lassina Doumbia, avait dû intervenir et s'entretenir avec son homologue burkinabè pour faire retomber la pression.

Ce militaire et ce VDP sont toujours incarcérés à Abidjan, tandis que Ouagadougou détient deux gendarmes ivoiriens depuis le mois de septembre, interpellés en territoire burkinabè. "Des cas particuliers, pris pour cause de renseignements", d'après le capitaine Traoré. Selon nos informations, ce dernier aurait exigé l'extradition d'opposants supposément présents à Abidjan et suspectés de complot contre son régime en échange de leur libération.

Manoeuvre de diversion 

Abidjan n'a pas encore émis de réaction officielle à cette interview diffusée sur la RTB. Cependant, selon une source ivoirienne, la déclaration d'Ibrahim Traoré serait simplement une tentative de détourner l'attention de son échec dans la lutte contre le terrorisme. Cette source estime qu'il est facile pour lui d'accuser un autre pays, en l'occurrence la Côte d'Ivoire, qui accueille un grand nombre de réfugiés burkinabè et abrite une importante communauté burkinabè. Elle considère cette attitude comme une provocation constante.

Indépendamment de la critique d'Ibrahim Traoré, la Côte d'Ivoire a annoncé lors de la troisième réunion du Comité de coordination sur la gestion des réfugiés au Nord, le 26 avril, la création d'une équipe technique. Cette équipe débutera ses travaux dès la semaine prochaine et aura pour mission d'examiner les modalités d'assistance immédiate aux réfugiés, ainsi que de réfléchir à des mesures encourageant leur retour au Burkina Faso. En outre, la Côte d'Ivoire a mis en place deux sites de transit dans le nord du pays pour accueillir les populations fuyant les violences de l'autre côté de la frontière.

Tags

Enregistrer un commentaire

0Commentaires

Enregistrer un commentaire (0)