Au Sénégal, le Conseil constitutionnel exprime son opposition envers Macky Sall.

La redaction infomondiale24
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 Le président sénégalais, Macky Sall, a présenté une feuille de route au Conseil constitutionnel, demandant une prolongation du mandat présidentiel et la modification de la liste des candidats. Cependant, dans une décision datée du 5 mars, le Conseil constitutionnel a rejeté ces propositions, infligeant ainsi un désaveu spectaculaire au chef de l'État. Cette décision fait suite au dialogue national organisé les 26 et 27 février, dont les conclusions ont été communiquées officiellement au président le 4 mars, le poussant à solliciter l'avis du Conseil constitutionnel sur les recommandations clés. Un accord a néanmoins été trouvé sur la date.

Macky Sall interrogeait le Conseil constitutionnel sur trois questions clés: la date du 2 juin 2024 proposée par le dialogue national pour le premier tour de l'élection, le maintien des 19 candidats déjà validés avec un nouvel examen des candidatures pour résoudre les cas de double nationalité et effectuer les corrections nécessaires pour les parrainages contestés.

Macky Sall sollicitait également l'avis du Conseil constitutionnel sur l'éventuelle application de l'alinéa 2 de l'article 36 de la Constitution, qui stipule que le président en exercice reste en fonction jusqu'à l'installation de son successeur. Cette disposition aurait pu autoriser une prolongation exceptionnelle du mandat de Macky Sall pendant environ trois mois, dans le cas où le premier tour de l'élection aurait eu lieu le 2 juin 2024.

Le Conseil constitutionnel a rejeté les trois questions, prenant le contre-pied des recommandations du dialogue national. Dans des décisions distinctes, rendues les 5 et 6 mars et signées par les sept juges, le Conseil a rappelé que, conformément à sa décision du 15 février, la date de l'élection présidentielle ne peut être reportée au-delà du mandat expirant le 2 avril 2024. Ainsi, le Conseil estime qu'aucun motif ne justifie le report du premier tour de l'élection au 2 juin, soulignant que le président en exercice ne peut fixer la date au-delà de la fin de son mandat sans un texte l'y autorisant expressément.

Le Conseil constitutionnel rejette fermement tout réexamen partiel des candidatures, affirmant que seuls les 19 candidats figurant dans la liste actualisée publiée le 20 février peuvent concourir à la présidentielle. Cela exclut la possibilité de participation d'autres candidats, y compris Ousmane Sonko et Karim Wade. De plus, le Conseil écarte catégoriquement la perspective, suggérée lors du dialogue national, qui aurait permis à Macky Sall de rester en fonction après le 2 avril en attendant un éventuel élu en juillet, si le premier tour était fixé au 2 juin.

Les sept sages estiment que l'application de l'article 36, alinéa 2, de la Constitution n'est possible que si l'élection a lieu avant la fin du mandat en cours. Ils soulignent que la durée du mandat présidentiel ne peut être modifiée selon les circonstances politiques. Précédemment sollicités par 15 des 19 candidats pour remédier à la carence du président dans la fixation de la date de l'élection, les sages constatent l'inertie des autorités compétentes et enjoignent à fixer une nouvelle date "dans les meilleurs délais", comme exigé précédemment le 15 février.

Face au refus d'obtempérer aux dates proposées, le Conseil constitutionnel a pris l'initiative de fixer la date de l'élection présidentielle au dimanche 31 mars 2024, précisant que le processus électoral n'est pas annulé mais interrompu et doit être poursuivi. Pour éviter toute contestation, les juges ont mentionné que leur décision convoque le corps électoral, au Sénégal et à l'étranger, pour le scrutin du 31 mars 2024. Cependant, Macky Sall a décidé lors d'un conseil des ministres le 6 mars de fixer la date au dimanche 24 mars 2024. Après quelques heures d'incertitude, le Conseil constitutionnel a finalement confirmé que la présidentielle se tiendra bien le 24 mars, suite à la communication des décrets présidentiels fixant cette date.

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